Jaime, je nâaime pas: cela nâa aucune importance pour personne; cela, apparemment, nâa pas de sens. Et pourtant tout cela veut dire: mon corps nâest pas le mĂȘme que le vĂŽtre » Roland Barthes. Jâaime, je nâaime pas: Et toi, quâest-ce quetu aimes? Objectif de lâactivitĂ©: Ă©crire un portrait Ă la maniĂšre de Roland Barthes. Modulo Due. Autour. du. monde. avec le
Jaime, je nâaime pas Fiche du prof Vous allez Ă©couter un texte lu et Ă©crit par Roland Barthes : « Jâaime, je nâaime pas ». Quels Ă©taient les goĂ»ts de Roland Barthes ? VoilĂ ce que vous
Cest tout ce que je n'aime pas. Moi j'aime les mecs qui ont des couilles, malheureusement il n'en a pas." En réponse, Yann BarthÚs s'est exprimé ce vendredi matin via son compte Instagram :
Jaime / Je n'aime pas. le 10 décembre 2020. à l'instar de Roland Barthes, nous avons écrit une liste de ce que nous aimons et de ce que nous n'aimons pas, puis nous l'avons enrichie avec des expansions du nom, des compléments circonstanciels, des synonymes d' "aimer" et "ne pas aimer". Enfin, en référence au court métrage " Foutaises" de Jean-Pierre Jeunet,
Lanotion commode de style dâun artiste paslâair de fonctionner et laPhotographie est un art peu toutcomme le serait une science des corps dsirables ou
Jaime, je nâaime pas Fiche dâactivitĂ©s Exercices ActivitĂ© 1 : Qui Ă©tait Roland Barthes ? Faites des recherches et puis cochez la ou les bonne(s) rĂ©ponse(s) : 1. Il est nĂ© en : 1915 1925
PTN0j. Fragment R 1 1 Lecture aux Rencontres dâArles le 8 juillet 2015 Ă lâinvitation de Rodolphe Burger dans lâatelier ... 1 Racine, câest Racine ». 2On connaĂźt la critique virulente que Roland Barthes fait de cette tautologie anti-intellectualisme petit-bourgeois le pire, arrogance, spontanĂ©isme, refus de la pensĂ©e et de la critique, etc. 3Tout cela admirablement rĂ©sumĂ© en 4 Racine, câest Racine sĂ©curitĂ© admirable du nĂ©ant » 5On sait combien, plus tard, Roland Barthes devait ĂȘtre atteint par le conflit que dĂ©clencha son Sur Racine ; il apprit Ă ses dĂ©pens que Racine, câest Racine » et quâil ne faut pas toucher Ă lâincarnation tautologique du gĂ©nie national. 6Cette polĂ©mique lui donnait donc raison, lui qui, de plus nâaimait pas Racine ! 7Nây a-t-il vraiment rien Ă dire en faveur de cette tautologie ? 8Lâactrice qui dĂ©clenche lâironie de Barthes vient de jouer le rĂŽle dâAthalie. Quâa fait cette actrice sinon dire Racine ». Barthes, lui, nâa pas su dire Racine. Il raconte que pour se dĂ©sennuyer lors des nombreux voyages Paris-Urt, il a tentĂ© dâapprendre la mort de PhĂšdre et quâil nây est jamais parvenu ! 9Moins théùtralement, cette tautologie Ă©nonce une proposition qui met en jeu un nom propre. Le nom propre est hors signifiĂ© il ne renvoie quâĂ un ĂȘtre unique. Cette tautologie nâa rien Ă voir avec lâautre tautologie mentionnĂ©e par Barthes dans cette mĂȘme mythologie un sou est un sou ». Car il sâagit alors dâune stricte Ă©quivalence â et mĂȘme selon Marx de lâĂ©quivalence gĂ©nĂ©rale » â alors que Racine câest Racine » tente dâĂ©voÂquer lâincomparable. 10Il Ă©crit lui-mĂȘme le nom propre est une monstruositĂ© sĂ©mantique, il est le siĂšge dâun phĂ©nomĂšne dâhypersĂ©manticitĂ© qui lâapparente de trĂšs prĂšs au mot poĂ©tique » Proust et les noms. 11Que dire de Roland Barthes sinon que câest Roland Barthes â ou bien quâil est Roland Barthes ? et comment faire la diffĂ©rence entre ce quâil est et qui il est ? Roland Barthes Ă©crit un Roland Barthes par lui-mĂȘme. Lui mâaime. Que dĂ©sirer dâautre â sinon le mĂȘme, le mâaime » ? Fragment B 12Dans Roland Barthes par lui-mĂȘme on trouve un fragment intitulĂ© jâaime/je nâaime pas ». Nous retrouverons plus tard le verbe aimer » et sa dĂ©claration. Pour le moment, arrĂȘtons-nous sur ce que Barthes dit ne pas aimer. 13La liste commence par les loulous blancs ». Bien entendu je mâintĂ©Âresse Ă la rĂ©pĂ©tition qui forme le mot loulou ». Je remarque aussi quâil peut paraĂźtre surprenant que le blanc de ces loulous soit enveloppĂ© dans le rejet de celui qui a créé lâexpression dâ Ă©criture blanche ». Il faut que le rejet des rĂ©pĂ©titifs loulous soit bien fort pour emporter le blanc avec lui. 14La liste continue les femmes en pantalon, les gĂ©raniums, les fraises, le clavecin, Miro, les tautologies » 15Je mâarrĂȘte Ă ce mot. Vingt-et-un autres mots et noms vont suivre jusquâau etc. » final. Tautologie » est le seul terme qui dĂ©signe une forme langagiĂšre il nây en a aucune dans la liste des jâaime » qui a prĂ©cĂ©dĂ©. 16Quâappelle-t-on tautologie ? 17Barthes donne lâexemple de Bouvard et PĂ©cuchet le goĂ»t câest le goĂ»t ». 18Ce qui donne en somme, si on y pense, le principe du fragment jâaime/ je nâaime pas » !!!. 19Le goĂ»t, câest le goĂ»t et le dĂ©goĂ»t câest le dĂ©goĂ»t. 20FormalisĂ©, cela donne A est A, B est B, etc. 21B est B, câest la formule juste. Beaucoup se trompent et disent B=B ». Câest faux. Il existe des centaines de pages dans des traitĂ©s de logique et de mĂ©taphysique pour tenter de dire le sens de B est B », qui nâest prĂ©cisĂ©ment pas une Ă©galitĂ©. 22Câest Heidegger qui a donnĂ© lâexpression la plus prĂ©cise dâune pensĂ©e rigoureuse de la tautologie 23 La formule A=A indique une Ă©galitĂ©. Elle ne prĂ©sente pas A comme Ă©tant le mĂȘme. La formule courante du principe dâidentitĂ© voile prĂ©cisĂ©ment ce que le principe voudrait dire, Ă savoir que A est A, en dâautres termes, que tout A est lui-mĂȘme le mĂȘme. [âŠ] 24Il est donc prĂ©fĂ©rable de donner au principe dâidentitĂ© la forme A est A, et cette forme ne dit pas seulement Tout A est lui-mĂȘme le mĂȘme, mais bien plutĂŽt Tout A est lui-mĂȘme le mĂȘme avec lui-mĂȘme. LâidentitĂ© imÂplique la relation marquĂ©e par la prĂ©position avec », donc une mĂ©diation, une liaison, une synthĂšse lâunion en une unitĂ©. De lĂ vient que, dâun bout Ă lâautre de lâhistoire de la pensĂ©e occidentale, lâidentitĂ© se prĂ©sente avec le caractĂšre de lâunitĂ© » IdentitĂ© et diffĂ©rence. 25Lorsque Heidegger dit dâun bout Ă lâautre » il veut rappeler que la philosophie commence par lâĂ©noncĂ© de ParmĂ©nide lâĂȘtre est, le non-ĂȘtre nâest pas ». De ParmĂ©nide Ă Heidegger et Ă aujourdâhui, on sâest posĂ© la question du sens de ĂȘtre. 26ParmĂ©nide lâĂȘtre est », 2500 ans de philosophie plus tard Heidegger, lâĂȘtre nâest pas ». Ăa pourrait faire rire mais câest 2500 ans de la pensĂ©e spĂ©culative la plus haute ! Ce qui veut dire que ĂȘtre » nâest rien de simple. Ce nâest pas quelque chose » et en ce sens ça nâest pas. 27Le mĂȘme, idem, est une pensĂ©e aussi difficile que celle de lâĂȘtre. On est aux limites du langage, le langage dĂ©faille dĂšs quâon cherche Ă dĂ©finir les mots les plus banals, câest-Ă -dire ceux quâon rĂ©pĂšte sans cesse. Or câest bien de rĂ©pĂ©tition quâil sâagit ou de dĂ©port dans la tautologie, B est indiffĂ©remment sujet ou prĂ©dicat, chacun peut ĂȘtre dĂ©portĂ© sur lâautre. Se pourrait-il que cette translation ne touche en rien Ă B ?. 28Quâappelle-t-on tautologie ? Une double Ă©nigme ! Ănigme que ĂȘtre », Ă©nigme que mĂȘme ». 29La tautologie est-elle clĂŽturante ? Non, Barthes. Non, justement parce quâil y a Ă©nigme. Et peut-ĂȘtre le pressentez-vous, Barthes⊠30Si on admet savoir ce quâest une tautologie en affirmant quâelle ne dit rien, pourquoi cette proposition aurait-elle le moindre intĂ©rĂȘt ? Eh bien nous dit ClĂ©ment Rosset, la tautologie rend justice au rĂ©el sur le point crucial de son unicitĂ©, elle nous rend attentif au fait Ă©mouvant que ce qui existe, existe ». 31Jâajoute quâelle nous rend aussi attentif au fait parfois cruel que ce qui nâexiste plus nâexiste plus. 32Quâest-ce qui se passe devant ces faits, ces Ă©motions ? 33Il se passe ce que le bouddhisme nomme en japonais satori le rĂ©veil devant le fait. LâĂ©veil plutĂŽt. LâĂ©veil devant le fait et par le fait. 34Pessoa les choses nâont pas de signification elles ont une existence. Les choses sont lâunique sens occulte des choses » le Gardeur de troupeaux. Je relĂšve occulte » câest ce que jâai tentĂ© de dire, que le sens sâocculte, que le sens unique » sâocculte. 35DerniĂšre remarque lâĂ©noncĂ© de ParmĂ©nide se trouve dans un texte en vers, on parle du poĂšme de ParmĂ©nide. Et le poĂšte nous dit cet Ă©noncĂ© lâĂȘtre est, le non ĂȘtre nâest pas ». Il nous le dit en hexamĂštres dactyliques et il nous dit que câest la seule parole, monos mythos, et quâelle nous conduit hors des sentiers battus ! le contraire de Barthes ! 36Ainsi avons-nous quittĂ© la logique, peut-ĂȘtre la mĂ©taphysique et aussi la rhĂ©torique peut-ĂȘtre ne peut-on penser la tautologie que poĂ©tiquement ? Fragment T â tel 37Ce serait dâabord une poĂ©tique du TEL. Voire une rythmique, une idiorrythmie comme il dit Ă chaque Ă©tape, on retrouve le TEL. Et dâabord en amour. Comme Ă©crit Barthes 38 Mon amoureux je le veux immortel ». Tel. Tel Quel. 39Cet accueil du tel va conduire Barthes au-delĂ de la critique de la tautologie. Dans Roland Barthes, roman, Philippe Roger Ă©crit câest lâun des coups de théùtre de ce discours amoureux que de rĂ©habiliter la tautologie â Ă sa maniĂšre, la tautologie est intraitable. Ce qui dans la topique amoureuse est bien ». Intraitable la tautologie ? Trop tard⊠je poursuis mon petit traité⊠40Exemples 41 Le bon amour relĂšve de la pure tautologie ». 42 Que dire de ce quâon aime, sinon je lâaime et le rĂ©pĂ©ter sans fin » ? 43 Est adorable, ce qui est adorable », etc. 44Barthes reconnaĂźt un certain pouvoir hypnotique au stĂ©rĂ©otype quand on est amoureux on rĂ©pĂšte des mots dans la magie et lâenthousiasme. Est-ce la rĂ©pĂ©tition qui engendre la jouissance ? 45Barthes avait examinĂ© cette thĂšse dans le Plaisir du texte pour dire quâil ne la partageait pas [âŠ] la rĂ©pĂ©tition engendrerait elle-mĂȘme la jouissance. Les exemples ethnographiques abondent rythmes obsessionnels, musiques incantatoires, litanies, rites [⊠or] rĂ©pĂ©ter Ă lâexcĂšs, câest entrer dans la perte, dans le zĂ©ro du signifiĂ© ». 46Câest donc plutĂŽt la jouissance qui appelle la rĂ©pĂ©tition, dont la tautologie est la forme absolue. 47Dâun clichĂ© lâautre, du clichĂ© langagier au clichĂ© photographique, ça se dĂ©clenche autrement ; ça devient amoureux. 48Et câest lâamour qui va conduire Barthes Ă la photo du jardin dâhiver et Ă cette affirmation par nature, la photo a quelque chose de tautologique ». Cette tautologie consiste en ce que la photo est littĂ©ralement une Ă©manation du rĂ©fĂ©rent ». 49Le tel » ou le câest ça » ainsi parcourais-je les photos de ma mĂšre selon un schĂ©ma initiatique qui mâamenait Ă ce cri, fin de tout langage câest ça ». Le plat câest ça » juste ça ». Rien de spĂ©cial. 50Si devant une photo ou un haĂŻku, on est amenĂ© Ă dire câest ça, câest bien ça », ce nâest pas pour Ă©tablir que la photo ou le haĂŻku serait bien conforme au modĂšle, identique au rĂ©fĂ©rent, pas du tout en effet ça » lui-mĂȘme ne prĂ©existe pas dans le modĂšle mais a Ă©tĂ© produit par le texte du haĂŻku ou par la photo. 51Ă propos de la mimesis, on sait quâAristote dans la PoĂ©tique dit dâun bon portrait quâon pense câest bien lui » et donc quâil renvoie Ă©videmment au modĂšle. Mais si on dit câest ça », on aurait peut-ĂȘtre affaire Ă ce que Lacoue-Labarthe dĂ©signe comme une mimĂšsis sans modĂšle Je signale que dans la Chambre claire, Lacoue-Labarthe est citĂ© par Barthes, jâimagine que celui-ci a trouvĂ© du plaisir Ă se fĂ©miniser discrĂštement tout en se tautologisant. Par ailleurs, je me demande si dans la Chambre claire, Barthes ne se prĂ©sente pas tout du long selon une certaine mimĂšsis de la Sainte ThĂ©rĂšse de Bernini â irradiĂ© jusquâĂ lâextase â un des derniers mots du texte. 52Le ça » semble dâabord ĂȘtre une pure Ă©manation du rĂ©fĂ©rent, ce qui ferait perdre tout caractĂšre de ressemblance. On oublie alors quâil a fallu lâintervention du photographe ou du poĂšte comme si leurs Ćuvres Ă©taient acheiropoĂŻĂštes. 53Barthes le souligne lui-mĂȘme dans la Chambre claire. La Photographie a quelque chose Ă voir avec la rĂ©surrection ne peut-on dire dâelle ce que disaient les Byzantins de lâimage du Christ⊠à savoir quâelle nâĂ©tait pas faite de main dâhomme, acheiropoĂŻetos ? 54Dans la Chambre claire, la note est tenue au sens musical du ça a Ă©tĂ© » au câest ça » la photo, câest tout Ă la fois le passĂ© immobilisĂ© dans le passĂ© et le passĂ© prĂ©sentĂ© au prĂ©sent. Il est difficile alors de ne pas songer au ça » de Freud qui ignore le temps et qui est la prĂ©sence en nous de ce que nous appelons passĂ© ». 55Barthes Ă©crit On dirait que la Photographie emporte toujours son rĂ©fĂ©rent avec elle, tous deux frappĂ©s de la mĂȘme immobilitĂ© amoureuse ou funĂšbre, au sein mĂȘme du monde en mouvement ». On dirait â Ă©crit-il au conditionnel, puisquâil sait trĂšs bien que la photo nâemporte rien â Barthes pourrait donc bien ĂȘtre dâaccord avec ça⊠56Je reprends. 57 La photo est littĂ©ralement une Ă©manation du rĂ©fĂ©rent » cela veut dire que la photo coule manare en latin, dĂ©coule de la personne photographiĂ©e, de sa chair » selon le mot que Barthes emploie aussi Ă ce propos. LâĂ©manation est une provenance physique ou plus exactement chimique, une empreinte, un jaillissement ou un suintement. Bien sĂ»r pour un philosophe le mot Ă©manation » fait penser Ă Plotin. Câest bien de lâUn que ça Ă©mane ou câest lâUn qui Ă©mane, procĂšde ou irradie â lâUn lui-mĂȘme⊠58LâĂ©manation donne lieu Ă lâ Ă©vidence rare du âainsi, oui, ainsi, et rien de plusâ ». 59Dans la Chambre claire, il dit de la photo quâelle nâest jamais quâun chant alternĂ© » de voyez, vois, voici », quâelle ne peut sortir de ce pur langage dĂ©ictique. Câest pourquoi elle est si proche du haĂŻku. 60Et pourtant on peut approcher par ce biais la grande tautologie dâExode, III, 14. 61Ehyeh asher ehyeh. YahwĂ© dĂ©signe la crĂ©ation, se dĂ©signe et nous dit voyez, voici. Voici mon selfie, voici ma photo ! Tel je suis ! tel je serai ! fiat lux, flash. Le sens nây est quâun flash, une griffure de lumiĂšre ». Clic ! Barthes aime beaucoup le bruit des appareils photo. 62Il va de soi quâil nây a pas de pellicule dans lâappareil, pas plus quâil nây a de sĂ© dans le sa Dieu » comme le souligne Barthes dans Comment vivre ensemble ? 63 Dieu comme sa » alors que Dieu = sĂ© absolu puisquâen bonne thĂ©ologie, il ne peut ĂȘtre le sa de rien dâautre que de lui-mĂȘme Je suis celui qui suis ». 64PhototautothĂ©ologie. 65Et que dit YahwĂ© ou que montre-t-il ? il rĂ©pĂšte RB, Rimbaud cette fois Je est un autre » bien sĂ»r puisquâil est lâAutre avec majuscule. Dans FDA, Barthes dit que comme sujet amoureux, il nâest pas un autre, quâil ne peut ĂȘtre autre et que câest ça qui le rend fou ! 66Donc il est je », je est je », tautologique. DĂ©moniaque la tautologie ? 67Câest le moment de revenir Ă lâunicitĂ© dont parlait ClĂ©ment Rosset et qui est essentiellement liĂ©e Ă lâexistence rĂ©elle du to auto, du mĂȘme. UnicitĂ© de lâaimĂ©, unicitĂ© de lâinstantanĂ© saisi par la photo ou le haĂŻku et unicitĂ© du Dieu unique. Tel El est aprĂšs tout le plus ancien nom du dieu qui nâa pas de nom. Fragment ARTS 68Dans le nom de Barthes il y a le mot arts » au singulier et au pluriel. Jude Stefan a Ă©galement repĂ©rĂ© art » dans le nom de Barthes. JâintĂšgre le s » final pour engager une diversitĂ© de pratiques, puisque câest ce qui arrive chez Barthes. Ătait-il gĂȘnĂ© de cette boursouflure au sein de son nom ? mais avec le H E, le nom sâĂ©carte du mot et part dans une Ă©chappĂ©e silencieuse, discrĂšte â hypersĂ©mantique. 69Georges Steiner, dans le commentaire quâil fait de la tautologie yawhique, pense que ses Ă©chos au xxe siĂšcle sont artistiques ; jâajoute quâils ne peuvent que lâĂȘtre la tautologie divine ou le divin comme tautologie ne peuvent aujourdâhui quâĂ©maner - en art. 70Lâune des formes artistiques est musicale câest Schoenberg, dans le MoĂŻse et Aaron. 71Schoenberg ne met pas en musique le je suis qui je suis » mais laisse MoĂŻse dĂ©cliner la liste des traits de son inaccessibilitĂ© ». Inconcevable parce quâinvisible, inconcevable parce que incommensurable, inconcevable parce que infini. 72Les voix qui sortent du buisson ardent tous les modes de voix suggĂšrent que ce nâest que par la pluralitĂ© via une perception fragmentĂ©e, que lâoreille humaine peut saisir lâunitĂ© cachĂ©e de lâauto-dĂ©signation de Dieu ». 73RĂ©pĂ©tons que le MoĂŻse et Aaron est inachevĂ© et que la partition se termine sur le cri de MoĂŻse 74 O Wort, du Wort das mir fehlt » = 75 Rien ne saurait, rien ne peut Lui donner expression. 76O mot, mot qui se dĂ©robe Ă moi ! » mot, ou verbe »⊠77Inexpressif YahwĂ© ? Cela doit plaire Ă Barthes. 78Lâautre Ă©vocation est poĂ©tique puis quâelle se trouve dans le Psaume ou contre-psaume de Celan qui, selon Steiner, en Ă©crivant 79LouĂ© sois-tu, Personne 80paraphrase la tautologie et profĂšre Je ne suis pas ce que je suis » ou Je ne suis plus ce que jâĂ©tais ». 81Quand Barthes recherche la bonne photo de la mĂšre â lâaphoto l » apostrophe de lâamer l » apostrophe â, il est seul, sa mĂšre est morte. Seul comme YahvĂ© ? selon Steiner on peut entendre dans la grande tautologie divine, lâĂ©cho assourdi dâune solitude infinie, la grammaire du spĂ©culaire dans la tautologie Ă©tant la figuration dâun esseulement ». 82La bonne Ă©manation de celle qui me laisse seul, irrĂ©mĂ©diablement, est aussi celle qui me permet de dire sa tautologie. Mam » câest presque mĂȘme » aussi bien que mâaime ». Mais câest mieux encore si m â a â m Ă la place dâun ĂȘtre » et dâune identitĂ© simple, un avoir » et un rapport, ou bien une exclamation ah !. 83 Oh ! ah ! personnellement jâaime ces interjections trĂšs littĂ©raires ; il me semble que ça dĂ©raidit la syntaxe [âŠ] un oubli du thĂ©tique, un non-contrĂŽle de la loi sujet/prĂ©dicat ; un bref sanglot ou soupir comme en musique ». 84Le dĂ©veloppement dâune tautologie ne peut sâaccomplir dans le langage si ce nâest par la rĂ©pĂ©tition toujours Ă nouveau remarquĂ©e quâen a faite Gertrud Stein a rose is a rose is a rose ». En se relançant, la tautologie se rĂ©vĂšle infinie. 85 ⊠Et la littĂ©rature commence, câest-Ă -dire un langage mystĂ©rieusement tautologique » prĂ©face Ă Chateaubriand Vie de RancĂ©. 86 A rose is a rose is a rose⊠» â On sent bien que câest immĂ©diatement musical nâest-ce pas, Rose ? RB, Rodolphe Burger pourrait le chanter ?. La tautologie bascule dans lâalogie, dans lâexemption de sens si recherchĂ©e, si goĂ»tĂ©e par Barthes. 87Le poĂ©tique a en charge le bruissement de la langue lâaffleurement du sens, lâeffloresens s-e-n-s de la pivoine, de la rose en son propre nom â la rose de rien, de personne » dans Psaume, toujours. 88Comme lorsquâon entend parler une langue Ă©trangĂšre inconnue mais pas trop lointaine, par exemple dans les films dâOliveira, quand on entend parler portugais et quâon ne connaĂźt que le français et lâespagnol, câest trĂšs beau. 89Et si lâon comprend aisĂ©ment le basculement dans le poĂ©tique et le musical, il est remarquable que la tautologie ait aussi ses versions picturales par exemple chez un des maĂźtres du genre de lâart dit tautologique » Joseph Kosuth or â câest Ă peine croyable â cet artiste est une rĂ©fĂ©rence de Barthes⊠et notamment Thing. 90La chose, dans la dĂ©finition par le dictionnaire du mot chose » montrĂ©e ou exposĂ©e en tant quâĆuvre donne ce que Jean-François Lyotard appelle, Ă propos de Kosuth, la tautologie visible et lisible » dont la forme gĂ©nĂ©rale est ceci est une phrase » oĂč la phrase devient elle-mĂȘme et une chose. 91Les choses Ă©tant ce quâelles sont⊠Fragment M mĂȘme â le fragment mĂȘme mâaime, mam 92Comment parler, comment Ă©crire quand sont exclus dĂ©finitions, nominations, stĂ©rĂ©otypes, signifiĂ©s, grands mots usĂ©s et usants, quand sont exclus articulations, continuitĂ©s, descriptions, sujets, prĂ©dicats, tous les sujets, tous les prĂ©dicats, tous les mĂ©canismes du sens, les thĂšses, les antithĂšses, la dialectique ? 93Je ne voudrais pas paraĂźtre dĂ©fendre la tautologie. Elle me lasse comme me lassent le sujet, le prĂ©dicat, la copule privĂ©e dâesprit. PlutĂŽt que la nuit câest la nuit », ĂŽter lâĂȘtre nuit et nuit ». 94Que reste-t-il de la langue ? Que reste-t-il Ă la langue ? 95 Seule demeure la langue maternelle », nous dit Hannah Arendt. 96Il ne sâagit pas dâidĂ©aliser la langue maternelle. Câest plutĂŽt le maternel de toute langue qui est en jeu. 97Ăric Marty note quâil avait Ă©tĂ© frappĂ© du fait que la mĂšre parlait le barthes » â jâajoute les barthes, plus dâune langue. Barthes aura rĂ©pĂ©tĂ© la langue maternelle, il aura dit le mĂȘme quâelle. Dans la Chambre claire, lâamour de la langue et lâamour de la mĂšre ne font quâun» Ă©crit Milner. 98Ăa â faut-il mĂȘme le dire ? Faut-il dire le rien Ă dire, le rien du dire ? Barthes se pose la question et rĂ©pond oui »⊠99 Grand paradoxe dâĂ©criture rien ne peut se dire que rien » prĂ©face Ă Pierre Loti AziyadĂ©. 100Avec toutes ces contraintes coincĂ©es dans la gorge, avec le sens obstruĂ© », avec rien Ă dire, Barthes a Ă©crit tout ce quâil a Ă©crit ; il ne fallait donc pas lui couper la gorge » ce quâannonce Barthes Ă ses amis avant sa trachĂ©otomie dâautant que 101 Câest dans le gosier, lieu oĂč le mĂ©tal phonique se durcit et se dĂ©coupeâŠque la signifiance Ă©clate, fait surgir, non lâĂąme, mais la jouissance ». 102Une voix sâĂ©teint lâimpossible mĂȘme. Il est impossible que Barthes perde sa voix, mĂȘme si et justement si la voix est toujours dĂ©jĂ morte ». Le mort ne cesse pas de nous parler, rĂ©pĂ©tant la chose mĂȘme. 103Cher Roland Barthes, Platon et Derrida ont Ă©crit une Thotologie t-h-o-t, du nom du dieu de lâĂ©criture â Thot. 104Me dĂ©plaçant de lâĂgypte vers lâOrient extrĂȘme jâaurai tentĂ© gauchement de vous dĂ©sĂ©crire une Taotologie.
Pour ce quatorziĂšme atelier dâĂ©criture, nous allons travailler sur un exercice typique. Le Jâaime / Jâaime pas. Au-delĂ de lâapparente simplicitĂ© de cet exercice, il vous aidera pour votre fiche de personnage voir notre atelier dâĂ©criture n°13. Cet exercice consiste Ă lister ce que lâon aime et ce que lâon nâaime pas. Cela peut sâĂ©tendre sur des pages et des pages, ou ne faire que quelques lignes. Cet exercice est inĂ©puisable. Vous pouvez le rĂ©aliser pour vous. Nous nâallons pas vous le cacher câest toujours un plaisir de lâĂ©crire. Mais vous pouvez aussi le rĂ©aliser pour les personnages de vos romans. Cela vous aidera Ă les connaĂźtre un peu mieux. Voici quelques extraits. Le premier est Ă©crit par Roland Barthes, le deuxiĂšme est mis en image dans un court-mĂ©trage par le rĂ©alisateur Jean-Pierre Jeunet. Si vous ĂȘtes un amoureux du Fabuleux destin dâAmĂ©lie Poulain, vous vous apercevrez en visionnant Foutaises, que ce dernier est une sorte de prĂ©mice au film avec Audrey Tautou et Mathieu Kassovtiz. Extraits du Jâaime de Roland Barthes que vous pouvez aussi Ă©couter lĂ , lu par Roland Barthes lui-mĂȘme Jâaime la salade, la cannelle, le fromage, les piments, la pĂąte dâamandes, lâodeur du foin coupĂ©, les roses, les pivoines, la lavande, le champagne, des positions lĂ©gĂšres en politique, Glenn Gould, la biĂšre excessivement glacĂ©e, les oreillers plats, le pain grillĂ©, les cigares de Havane, Haendel, les promenades mesurĂ©es, les poires, les pĂȘches blanches ou de vigne, les cerises, les couleurs, les montres, les stylos, les plumes Ă Ă©crire, les entremets, le sel cru, les romans rĂ©alistes, le piano, le cafĂ©, Pollock, Twombly, toute la musique romantique, Sartre, Brecht, Jules Verne, Fourier, Eisenstein, les trains, le mĂ©doc, le bouzy, avoir la monnaie, Bouvard et PĂ©cuchet, marcher en sandales le soir sur de petites routes du Sud Ouest, les Marx Brothers, le serrano Ă sept heures du matin en sortant de Salamanque, etc. Court-mĂ©trage Foutaises de Jean-Pierre Jeunet Ă dĂ©couvrir par ici. Il est temps de se mettre Ă Ă©crire. Si vous nâavez pas encore de carnet dĂ©diĂ©, vous trouverez ci-dessous des carnets parfaits pour Ă©crire vos exercices. Et nâoubliez pas de venir rĂ©guliĂšrement⊠à dans une semaine pour un nouvel atelier ! PS Si vous voulez publier vos textes en commentaires de lâarticle pour vous entraidez, nâhĂ©sitez pas ! Je viendrai faire un tour de temps en temps aussi pour vous lire. Carnet Loulou le chien 4,50⏠Carnet Chien interdit 4,50⏠Carnet Palmier 4,50⏠Read more articles
Jâaime, je nâaime la salade, la cannelle, le fromage, les piments, la pĂąte d'amandes, l'odeur du foin coupĂ© j'aimerais qu'un nez» fabriquĂąt un tel parfum, les roses, les pivoines, la lavande, le champagne, des positions lĂ©gĂšres en politique, Glenn Gould, la biĂšre excessivement glacĂ©e, les oreillers plats, le pain grillĂ©, les cigares de Havane, Haendel, les promenades mesurĂ©es, les poires, les pĂȘches blanches ou de vigne, les cerises, les couleurs, les montres, les stylos, les plumes Ă Ă©crire, les entremets, le sel cru, les romans rĂ©alistes, le piano, le cafĂ©, Pollock, Twombly, toute la musique romantique, Sartre, Brecht, Verne, Fourier, Eisenstein, les trains, le mĂ©doc, le bouzy, avoir la monnaie, Bouvard et PĂ©cuchet, marcher en sandales le soir sur de petites routes du Sud-Ouest, le coude de l'Adour vu de la maison du docteur L., les Marx Brothers, le serrano Ă sept heures du matin en sortant de Salamanque, n'aime pas les loulous blancs, les femmes en pantalon, les gĂ©raniums, les fraises, le clavecin, MirĂŽ, les tautologies, les dessins animĂ©s, Arthur Rubinstein, les villas, les aprĂšs-midi, Satie, Bartok, Vivaldi, tĂ©lĂ©phoner, les choeurs d'enfants, les concertos de Chopin, les bransles de Bourgogne, les danceries de la Renaissance, l'orgue, Charpentier, ses trompettes et ses timbales, le politico-sexuel, les scĂšnes, les initiatives, la fidĂ©litĂ©, la spontanĂ©itĂ©, les soirĂ©es avec des gens que je ne connais pas, je n'aime pas cela n'a aucune importance pour personne; cela, apparemment, n'a pas de sens. Et pourtant tout cela veut dire mon corps n'est pas le mĂȘme que le vĂŽtre. Ainsi, dans cette Ă©cume anarchique des goĂ»ts et des dĂ©goĂ»ts, sorte de hachurage distrait, se dessine peu Ă peu la figure d'une Ă©nigme corporelle, appelant complicitĂ© ou irritation. Ici commence l'intimidation du corps, qui oblige l'autre Ă me supporter libĂ©ralement, Ă rester silencieux et courtois devant des jouissances ou des refus qu'il ne partage pas.Une mouche m'agace, je la tue on tue ce qui vous agace. Si je n'avais pas tuĂ© la mouche, c'eĂ»t Ă©tĂ© par pur libĂ©ralisme je suis libĂ©ral pour ne pas ĂȘtre un assassin.Barthes, Roland Barthes par Roland Barthes, pp120-121.
ï»żCitation du Jour Proverbes Citations Au Hasard ThĂ©matiques Tops Top 24 Tops de la semaine Tops du mois Collections Citations Quotidiennes Connexion RĂ©cent Populaires Top 10 Tendances Login Passez en mode sombre, plus agrĂ©able pour vos yeux la nuit. Passez au mode de lumiĂšre qui est plus agrĂ©able pour vos yeux pendant la journĂ©e. 96 Vues 0 Votes par Roland Barthes dansAime, Corps, Dire, Importance, Pas, Personne, Sens, â Citations â J'aime, je n'aime pas cela n'a aucune importance pour personne ; cela apparemment n'a pas de sens. Et pourtant, tout cela veut dire mon corps n'est pas le mĂȘme que le vĂŽtre. Roland Barthes Jâaime, je nâaime pas cela nâa aucune importance pour personne ; cela apparemment nâa pas de sens. Et pourtant, tout cela veut dire mon corps nâest pas le mĂȘme que le vĂŽtre. Roland Barthes Qu'en pensez-vous? Laisser un commentaire © 2022 Les Plus Belles Citations Retour au sommet
Le 20 janvier 1979, lors de son sixiĂšme cours au CollĂšge de France sur la prĂ©paration du roman, le philosophe et sĂ©miologue français Roland Barthes 1915-1980 enseigne les Ă©lĂ©ments qui forment le haĂŻku, ce court poĂšme trĂšs codifiĂ© dâorigine japonaise. Le haĂŻku, qui a pour but de cĂ©lĂ©brer lâĂ©vanescence des choses, doit, en plus dâĂȘtre bref, comporter un mot de saison. Roland Barthes digresse alors sur le temps-quâil-fait, qui faute dâavoir en français un mot propre pour le dĂ©signer â contrairement Ă lâanglais âweatherâ, reste nĂ©anmoins central Ă toute forme de sociabilitĂ©. De maniĂšre surprenante, Roland Barthes montre quâen plus de son rĂŽle de crĂ©ateur de lien social, le temps-quâil-fait est aussi lâun des sujets de discussion les plus intimes qui soit entre des ĂȘtres qui sâaiment. Mais il nây a pas longtemps, vous le savez, jâĂ©tais fascinĂ© par les problĂšmes sĂ©miologiques au sens strictement structuraliste du terme et je considĂ©rais avec une certaine dĂ©sinvolture, peut-ĂȘtre un peu scientiste Ă lâĂ©poque, le temps-quâil-fait comme lâexemple mĂȘme de ce que Jakobson appelle le phatique, qui est une fonction du langage repĂ©rĂ©e par Jakobson et qui est tout ce qui dans la parole est destinĂ© Ă ouvrir ou maintenir un contact entre le locuteur ou lâauditeur. Ce sont donc des mots, des expressions qui nâont pas en rĂ©alitĂ© de sens par elles-mĂȘmes mais qui permettent de maintenir le contact. Lâexemple le plus classique Ă©tant le mot âAllĂŽâ au tĂ©lĂ©phone. âAllĂŽâ ne veut rien dire mais ça maintient le contact. âAllĂŽ, allĂŽ, vous mâentendezâ, etc. » Ayant tout dâune fonction phatique du langage comme dĂ©finie par Jakobson, Ă©voquer le-temps-quâil-fait permet Ă des gens qui ne se connaissent pas, ou qui ne supportent pas le silence ou qui ne sont pas de mĂȘme culture et cherchent un sujet commun sans risque de se dĂ©plaire, dâentrer en contact. Mais en plus de rapprocher les inconnus, Roland Barthes explique que le temps-quâil-fait contribue aussi Ă lâintimitĂ© de ceux qui sâaiment dĂ©jĂ Ou, tout Ă fait Ă lâautre extrĂȘme, il peut sâagir de sujets qui sâaiment tellement quâils se le disent par la dĂ©licatesse mĂȘme de lâinsignifiance, car il y a des cas oĂč seule lâinsignifiance est dĂ©licate ; par exemple, on peut dire que dans une famille qui sâaime et dont les membres se retrouvent le matin, parler du temps-quâil-fait fait partie dâune relation affective trĂšs forte. » Roland Barthes ajoute Je voudrais insister sur le fait que sâaimer beaucoup peut entraĂźner de peu se parler, de parler de choses insignifiantes. Il y a une citation de La BruyĂšre qui a Ă©tĂ© reprise de mĂ©moire par Charlus dans Proust, A lâombre des jeunes filles en fleurs, Ă propos des rapports de Mme de SĂ©vignĂ© et de sa fille, câest une conversation gĂ©nĂ©rale dont les acteurs principaux sont Charlus et Mme de Villeparisis, et, Ă ce moment-lĂ , Charlus rappelle que La BruyĂšre a dit dans le chapitre âDu CĆURâ des CaractĂšres mais la citation ici est Ă©courtĂ©e âEtre prĂšs des gens quâon aime, leur parler, ne leur parler point, tout est Ă©gal.â Câest-Ă -dire câest la mĂȘme chose de leur parler ou de ne point leur parler si on les aime. » Parler du temps-quâil-fait est donc peut-ĂȘtre lâune des choses les plus intimes qui nous soit donnĂ©e de discuter avec lâĂȘtre aimĂ©. Alors quand lâĂȘtre aimĂ© vient Ă sâabsenter ou Ă disparaĂźtre, le poids de ne pouvoir discuter du temps-quâil-fait peut soudain se faire cruellement sentir Donc observer en commun le Temps quâil fait, câest prĂ©cisĂ©ment ce tout est Ă©gal du parler/ne pas parler de lâamour. [âŠ] Par exemple, voir la premiĂšre neige dans lâannĂ©e et ne pas pouvoir lui dire âVoilĂ la premiĂšre neigeâ, tout simplement, et ĂȘtre obligĂ© de garder cette neige pour soi. » Cette digression de Roland Barthes sur le temps-quâil-fait est retranscrite dans lâĂ©dition dâEric Marty & Nathalie LĂ©ger publiĂ© au Seuil 2015, Roland Barthes, La PrĂ©paration du roman. Cours au CollĂšge de France 1978-1979 et 1979-1980. Elle peut aussi ĂȘtre Ă©coutĂ©e, ainsi que la belle voix de Roland Barthes, sur le site dâUbuWeb.
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